Par Coralie Schaub, photo Claude Pauquet (Vu pour Libération) — 6 novembre 2017 à 20:46
Paul François, dans son exploitation agricole à Bernac, le 3 novembre.
Intoxiqué par un produit de la firme américaine, cet agriculteur vient de publier un livre sur dix ans de bras de fer judiciaire. Malgré les difficultés morales et financières, les doutes et la fatigue, il ne veut rien lâcher.
Le sort des victimes le préoccupe. « J’ai bien peur que les criminels qui ont sciemment empoisonné des milliers d’agriculteurs ne seront jamais condamnés. Je parle des firmes en général, il n’y a pas que Monsanto. Comme de ceux qui ont fermé les yeux sur cet empoisonnement. J’ai peur qu’il se passe exactement la même chose que pour l’amiante : on l’a interdit mais les responsables sont impunis et les victimes sont toujours là.»
Il se bat pour la création d’un fonds d’indemnisation des agriculteurs.
«Excusez-moi, je suis fatigué.»
Paul François répète souvent cette phrase, ponctuée d’un long soupir. Quand nous le rencontrons dans un café parisien, le 18 octobre, le céréalier charentais s’apprête à courir radios et télés pour parler de son livre, Un paysan contre Monsanto (Fayard). Il y raconte son combat contre la multinationale américaine, qu’il a osé attaquer en justice en 2007, trois ans après avoir été intoxiqué avec son herbicide Lasso, désormais interdit. «Quelqu’un m’a dit qu’on se croirait dans un thriller, mais non, c’est bien la réalité», souffle le quinquagénaire. Continuer la lecture