Côtes-d’Armor. Un gigantesque bateau creuse des trous sous la mer
Ouest-France, modifié le 27/06/2017 à 21:29 | Publié le 27/06/2017 à 21:03
Le Fugro Synergy, un monstre de 100 m de long, a fait escale quelques heures à Saint-Malo avant de gagner la baie de Saint-Brieuc.
Gérard Lebailly et Thibaud Grasland.
Le Fugro Synergy n’est pas passé inaperçu dans le port de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) ces derniers jours. Depuis ce matin, il réalise des forages dans la baie de Saint-Brieuc. Avant d’implanter 62 éoliennes de 216 m de hauteur dans la baie, la société Ailes Marines veut connaître la composition du sol sous-marin.
Le Fugro Synergy mesure 104 m de long sur 20 m de large. Sa silhouette est impressionnante par sa hauteur, avec son derrick géant illuminé la nuit, et son aire d’hélicoptère. Ce monstre des mers, battant pavillon des Bahamas, n’est pas passé inaperçu dans le port de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) entre dimanche et lundi.
Ce mardi, il a pris position dans la baie de Saint-Brieuc. À l’endroit où seront installés les 62 mâts de 216 m de hauteur du parc éolien offshore, à l’horizon 2020.
Une société néerlandaise
Même si elle reste pour l’heure très discrète sur cette opération, c’est bien la société Ailes Marine qui pilote cette opération de forage. Il s’agit d’une campagne géotechnique pour analyser la composition du sol sous-marin.
Le consortium a fait appel à un prestataire, la société néerlandaise Fugro, pour réaliser des carottages et des tests de pénétration à l’emplacement de chaque éolienne et sur les routes de câbles. L’opération se déroulera jusqu’à mi-septembre.
Trois bateaux réalisent les forages
Fugro utilise trois bateaux pour les forages. Le plus impressionnant est le Fugro Synergy, qui séjournera périodiquement durant l’été dans le port de Saint-Malo. Les courants générés par les marées de vives-eaux l’obligent à faire des pauses. Ses dimensions et son tirant d’eau (6,4 m) ne lui permettent pas d’aller dans le port de Saint-Brieuc.
Le Fugro Synergy, un monstre de 100 m de long, a fait escale quelques heures à Saint-Malo avant de gagner la baie de Saint-Brieuc.
Un second bateau de forage, le Gargano (72 m sur 16 m, pour 18 m de large au pertuis), a d’autres contraintes. Il ne peut pas forer au-delà de 9 m de profondeur. Un troisième navire de recherche et surveillance, plus petit (56 m sur 11 m), le Glomar Vantage, était toujours au port de Saint-Malo mardi soir, il a dû faire demi-tour après une avarie.
Manœuvre en marche arrière
Dans le port de Saint-Malo, les manœuvres des bateaux ont été délicates. Notamment pour le Gargano, non seulement en raison du gros volume occupé, mais aussi parce qu’il faut laisser le temps à l’eau de s’écouler latéralement au passage du navire.
Autre particularité pour le pilotage de ces deux bateaux : ils sont obligés de manœuvrer en marche arrière, le commandant étant sur l’arrière et au milieu de la passerelle, avec une personne de chaque côté pour indiquer les distances à courir.
Chaque jour, sur son site internet, le comité des pêches des Côtes-d’Armor publie un rapport d’avancement des opérations, indiquant les emplacements sondés et les intentions pour les 48 prochaines heures. Par ailleurs, la préfecture maritime prévoit une zone d’interdiction de 0,25 mile autour des trois navires durant les opérations.
Il y a quelques semaines, Ailes Marines avait mené une autre opération pour vérifier l’absence d’obus datant de la guerre dans cette zone.