Texte Fréhel Environnement édité pour le Forum des associations de Fréhel, 29 août 2015
Les carrières de Fréhel, situées entre le site du Cap d’Erquy et celui du Cap Fréhel occupent environ 50 hectares sur 2000 mètres de littoral maritime de la commune de Fréhel. Cette zone d’exploitation de grès rose est soumise à la loi littoral et une « Zone Natura 2000 » borde son front de mer. Ces particularités définissent des contraintes pour son exploitation actuelle et son utilisation ultérieure.
C’est en 2022 que s’achève le contrat d’autorisation d’exploitation signé en 2002. Autrement dit, c’est dans un futur immédiat que doivent se dessiner des pistes de transformation acceptables pour les parties en présence, projets qui devront en outre tenir compte des textes juridiques s’appliquant à cette zone.
Ce ne sont pas les études et les projets qui ont manqué concernant le devenir des carrières. Ces études mobilisent, passionnent mais n’aboutissent pas à un projet global entraînant l’adhésion de l’ensemble des parties concernées (mairie, propriétaire, exploitant) sans omettre la population locale. La plus grande partie de ce terrain est depuis plus de 100 ans, la propriété d’une société privée, la société anonyme Pierre Charron. Son exploitation pour l’extraction de granulats est assurée par la société des Carrières de Fréhel, tandis que le sous-sol reste propriété inaliénable de l’Etat et, par voie de conséquence, de chaque citoyen.
L’activité d’extraction a débuté à la fin du XIXème siècle, en partant de l’est pour s’étendre ensuite vers l’ouest jusqu’au Port Barrier. Au début de cette exploitation les carrières Pansart ont fabriqué des millions de « pavés roses » taillés à la main par les carriers qui sur la période des années 30 ont été près de 200 à y travailler. L’extraction des granulats (blocs, graviers et sables) s’est développée ensuite et les « Fosses » (ou alvéoles) de Courcoux, Colonie, Canyon et Coquiart sont apparues, résultant de l’exploitation systématique de la roche pendant que la base logistique s’établissait sur le Routin.
Il va de soi que l’exploitation des ressources naturelles du sol et du sous-sol est soumise à autorisations et obéit à une réglementation de la responsabilité de l’Etat. Ces autorisations sont renouvelables périodiquement et donnent lieu à des études d’impact. Elles limitent les périmètres, fixent les modes d’exploitation, les profondeurs à atteindre et les quantités exploitables. Lorsque l’autorisation arrive à son échéance, l’exploitant a l’obligation de remettre en état le site de la carrière exploitée.
En 2002, en raison de la fin du contrat d’exploitation, une première échéance s’est présentée et dès l’année 1995 des études avaient été lancées sur la faisabilité de divers projets. L’association CERCLE (Comité d’Etude pour la Réhabilitation des Carrières, du Littoral et de l’Environnement) a vu le jour en juillet 1996. Une nouvelle autorisation d’exploitation a été accordée en 2002 pour 20 ans, fixant à 2022 la fin prévisible des extractions.
Aujourd’hui, en 2015, l’ensemble des documents relatifs aux projets et études réalisés dans une perspective d’aménagement constituent un bon mètre linéaire d’archives. Parmi les projets examinés figurent l’implantation d’un port en eau profonde, la création d’une «maison de l’imaginaire», de zones d’escalade, la création d’un jardin botanique, etc…
Depuis la création du groupe de travail « Carrières » en décembre 2014, Fréhel Environnement, sans prétendre avoir étudié tous ces projets en a examiné plusieurs en consultant des archives, en rencontrant ou contactant des acteurs et des porteurs de projets. La connaissance plus précise de cet espace avec les contraintes d’accès a fait également partie du travail entamé par le groupe «Carrières».
Le projet « création d’une maison de l’imaginaire » de M. et Mme Graffard a particulièrement retenu son attention. Ce projet innovant, susceptible d’intéresser population locale et touristes comporte environ 80 panneaux retraçant les métiers, les traditions, la vie des hommes du pays, la géologie, la faune et la flore locale. Il met en valeur actualité et tradition. Ce projet intelligent, toujours susceptible d’être mis en oeuvre, a été brutalement abandonné au profit du projet «Ecotron». Ce dernier projet, scientifique et technique, soutenu par Mme Marie-Reine Tillon auprès du Conseil Général a un moment focalisé les esprits, suscitant des réactions positives ou négatives, sans qu’il y ait -à notre connaissance- de véritable étude technique entreprise. Mme Tillon, avant les élections départementales, avait obtenu qu’une étude soit lancée. Qu’en est-il aujourd’hui ?
A la suite de rencontres et de démarches pour tenter de bien percevoir la réalité de la situation, auprès d’élus, d’acteurs économiques et territoriaux, de responsables scientifiques, il ressort que rien ne pourra se faire sans l’accord du propriétaire d’abord et une forte volonté politique au moins du niveau de la Région. En outre, il apparaît clairement :
- Qu’un projet ne peut à lui seul faire l’objet de l’aménagement global du site.
- Que plusieurs activités doivent normalement s’y retrouver alliant tourisme, culture et activité économique.
- Qu’enfin tout projet d’aménagement de cet espace littoral, qui appartient aussi au patrimoine régional situé entre deux sites remarquables que sont les Caps d’Erquy et de Fréhel, doit faire l’objet d’un consensus et d’une large consultation de la population qui l’anime au quotidien.
Actuellement, Fréhel Environnement s’associe au projet «Initiative Cap Fréhel» qui pour une part a été motivé par la rencontre des créateurs du projet de « La maison de l’imaginaire », Mr et Mme Graffard).
Il va de soi que si un projet concret devait émerger, il ne peut le faire sans que les élus de la commune aient la volonté d’examiner ce problème en songeant à l’avenir pour leurs administrés. L’attentisme ici ne nous paraît pas de mise.
Nous solliciterons donc un rendez-vous auprès du Conseil municipal pour présenter les conclusions auxquelles nous parvenons, très modestement, notre seul intérêt étant que le moment venu, qui s’approche à grands pas, des projets raisonnables aient vu le jour, sur lesquels la population aura été consultée.
MJ, NB, Août 2015