Les Echos, Anne Feitz, Véronique Le Billon, 9/01/2017
General Electric a stoppé le développement de sa turbine, contraignant Engie à arrêter son projet au raz Blanchard. Les deux hydroliennes d’ EDF et DCNS doivent être réparées en raison de problèmes de corrosion.
Douche froide sur les ambitions de la France dans l’hydrolien, cette technologie qui utilise les courants marins pour produire de l’électricité. Selon nos informations, General Electric (GE) a décidé de suspendre le développement de la turbine Oceade que développait Alstom dans ce domaine, plantant au passage Engie, qui avait choisi ces turbines sur un projet (Nepthyd) de quatre hydroliennes au raz Blanchard, à l’ouest du Cotentin (Manche). « Le marché n’est pas au rendez-vous des espoirs suscités entre 2009 et 2013 », confirme-t-on chez GE. Les 40 personnes qui travaillaient dans ce domaine ont été redéployées sur des activités à forte croissance, comme l’éolien en mer, posé ou flottant.
De son côté, Engie, qui avait remporté ce projet fin 2014 après un appel à manifestation d’intérêt (AMI) de 2013, indique avoir« malheureusement décidé d’arrêter le projet Nepthyd suite au défaut d’un fournisseur », sans autre commentaire. L’énergéticien, qui avait mené les premières études et conduit l’enquête publique l’été dernier, avait obtenu le feu vert de Bruxelles et était sur le point d’avoir les autorisations administratives en France.
Engie n’est pas le seul à rencontrer des revers sur l’hydrolien. Les deux turbines DCNS immergées en 2016 par EDF au large de Paimpol et Bréhat (Côtes-d’Armor) doivent être réparées en raison d’un problème technique : les fixations utilisées ne correspondaient pas aux spécifications et n’ont pas supporté la corrosion. DCNS s’est retourné contre son fournisseur, mais EDF ne prévoit pas de les remettre à l’eau avant la fin de l’été 2017. Il est donc permis de douter que leconsortium EDF EN-DCNS, autre lauréat de l’AMI de 2013, mettra bien en service courant 2018 les sept hydroliennes également prévues au raz Blanchard dans ce cadre. Et ce, même s’ils continuent d’afficher leur confiance dans ce calendrier.
Finalement, la seule machine à avoir produit de l’électricité marine en France est celle de Sabella, une PME bretonne qui a testé une turbine de 1 mégawatt (MW) au large de l’île d’Ouessant pendant un an, entre juin 2015 et juin 2016. « Nous avons produit 70 MWh sur la période », indique son PDG, Jean-François Daviau. La société, qui se positionne sur les îles non interconnectées, espère le lancement d’un appel d’offres pour une ferme de quatre hydroliennes au large d’Ouessant, attendu ce printemps. Le gouvernement a en effet annoncé un nouvel appel d’offres de 100 MW pour des fermes commerciales en France, mêlant hydrolien et éolien flottant.
« Un horizon trop lointain »
Alors que le gisement potentiel des courants marins est estimé entre 75 et 100 gigawatts (GW) dans le monde (entre 2 et 3 GW en France, soit 20 % du potentiel européen), la plupart des grands acteurs qui se positionnaient il y a quelques années sur cette technologie ont jeté l’éponge. C’est le cas des allemands Siemens et Voith Hydro. « Les premières fermes commerciales ne devraient pas entrer en service avant 2023-2025, un horizon trop lointain pour ces grands groupes », commente Jean-François Daviau. Seuls l’autrichien Andritz et le singapourien Atlantis Resources (basé en Ecosse) sont encore actifs, notamment sur le projet MeyGen en Ecosse, où la ferme pilote de 4 turbines de 1,5 MW a commencé à produire. Un projet qui prévoit une capacité totale de près de 400 MW… mais pas avant la prochaine décennie.
Anne Feitz, Les Echos Véronique Le Billon, Les Echos
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