André Pochon, militant de l’agriculture durable, fondateur du Centre d’études pour un développement agricole plus autonome.
Publié par Ouest France le 20/07/2017 à 07:58
Par André Pochon, militant de l’agriculture durable, fondateur du Centre d’études pour un développement agricole plus autonome.
L’agriculture conditionne la qualité de notre alimentation, base de notre santé. Elle conditionne notre environnement, nos paysages et la vitalité de nos terroirs. Elle peut créer de nouveaux emplois et contribuer à la solution du chômage. Nous ne nourrirons demain les 9 milliards d’habitants de notre planète que si l’agriculture est riche, productive et diversifiée.
Or, depuis soixante ans, le productivisme a envahi l’agriculture française. La monoculture s’est installée dans les zones céréalières et l’élevage hors-sol en production animale. Le résultat en est l’emploi exagéré de pesticides pour les uns, d’antibiotiques pour les autres, la pollution généralisée de l’eau, de l’air, des baies marines, l’appauvrissement des sols en humus, la destruction de nos paysages et le vide des campagnes.
Quant aux revenus des paysans, aux périodes fastes succèdent des crises. Les pouvoirs publics doivent intervenir. Il faut donc, au plus vite, sortir de ce productivisme et s’orienter vers un autre modèle de développement, basé sur l’agro-écologie qui n’est autre que l’agronomie retrouvée.
Revenir aux bases de l’agronomie
C’est l’enjeu d’une autre politique agricole que doit initier le nouveau président de la République. Pour l’instant nous n’en voyons pas la couleur. Emmanuel Macron s’est engagé à débloquer cinq milliards pour les investissements, ce qui est préjudiciable : la solution n’est pas d’investir toujours plus en matériel et bâtiments, mais d’opter résolument pour l’agro-écologie.
Cette autre agriculture repose sur des points clés qu’il nous faut retrouver au plus vite. L’équilibre sol-plante-animaux (sans cette loi fondamentale, il n’y a pas d’agriculture durable sur la planète), un assolement au moins triennal avec une prairie en tête, des animaux logés sur litière avec production de compost, la priorité aux investissements productifs : calcium, phosphore, potasse, animaux et semences sélectionnées, des plantes adaptées au sol et au climat, la prairie à base de trèfle blanc, nourriture de base des bovins.
L’ancien ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, a bien tenté de développer l’agro-écologie mais sans jamais mettre en avant ceux qui la pratiquent. Durant son mandat, il n’a jamais officiellement mis les pieds dans l’une des fermes du réseau, par crainte de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA).
Épaulé par Nicolas Hulot, Emmanuel Macron osera-t-il bousculer le productivisme qui a fait tant de dégâts et promouvoir une agriculture qui revient aux bases agronomiques et l’autonomie en élevage ?
Résister avec courage aux lobbies
Le nouvel hôte de l’Élysée osera-t-il former la jeune génération d’agriculteurs et rénover l’enseignement et la vulgarisation en s’appuyant sur les fermes du réseau « Agriculture durable » ?
Les résultats économiques de ce réseau ridiculisent ceux des fermes conventionnelles, avec une pollution quasi nulle, une contribution décisive à la lutte contre l’effet de serre et une qualité de vie enviée.
Voilà la voie que doit suivre le Président Emmanuel Macron, avec lucidité et courage face aux lobbies, toujours actifs, pour rétablir l’usage de certains pesticides.