Texte Fréhel Environnement édité pour le Forum des associations de Fréhel, 29 août 2015
Echéances importantes (calendrier Ailes Marines) :
- Octobre 2015 : Dépôt par Ailes Marines de son dossier de demande d’autorisation
- Examen par les Services de l’Etat, début enquête publique (au printemps ?), le dossier Ailes Marines devient (enfin) accessible !
- Mi-2016 : fin de l’Enquête Publique (durée 2mois, pour 6000 pages à analyser !)
- Fin 2016 : probable feu vert de l’Etat à Ailes Marines
- Année 2017 consacrée par Ailes Marines au bouclage du financement et à la passation des marchés à ses fournisseurs et sous-traitants,
- 2018-2020 : Construction / Mise en service échelonnée du parc
Descriptif succinct du parc éolien
62 éoliennes de 8 MW nominal, hauteur totale par rapport au niveau de la mer 216m en bout de pales, espacement de 1300 m entre les rangées et 1000 m entre les machines :
- rotor constitué de 3 pales de 90m (diamètre total rotor 180m*) pivotant en fonction du sens du vent, (*éoliennes terrestres : diam. 90m),
- nacelle comprenant le multiplicateur (« boite de vitesse ») et le générateur,
- mât, haut de 90 m, diamètre à la base 7m, au sommet 5m, abrite les transformateurs électriques,
- les fondations « jacket »*, structures métalliques sur lesquelles sont fixés les mâts, de hauteurs variables en fonction de la profondeur au lieu d’implantation, 70m maximum, 4 pieds posés au fond (20x20m), fixés sur pieux béton enfoncés dans les fonds marins (la dimension des pieux sera fonction de la nature des sols, non révélée à ce jour malgré des études géophysiques réalisées depuis 2012),
Une Sous-station électrique en mer, positionnée au centre du parc sur fondations « jacket »*, collecte l’énergie produite par les éoliennes grâce à un réseau de câbles électrique 66000 Volts, soit « ensouillés » soit protégés par enrochements. La sous-station transforme le 66 kV en 225 kV qui est ensuite dirigé par deux câbles vers la côte,
*Protection contre la corrosion des structures métalliques « jacket » assurée par « protection cathodique » : une anode « sacrificielle » est immergée au pied de chaque jacket, qui prend sur elle toute la corrosion grâce à un courant électrique polarisant. Cette anode dont ni la composition ni la masse ne sont précisées (aluminium, zinc ? une tonne ?) * serait à remplacer régulièrement. On ne connait pas la durée de vie de ces anodes mais la masse totale d’alliage métallique se dissolvant lentement mais sûrement dans l’eau de mer pose question.
*Information de « dernière minute : chaque éolienne serait équipée d’une anode de 15 tonnes (!) en alliage de magnésium, zinc et aluminium (info AE : Autorité Environnementale), soit, au total 960 tonnes !
La liaison 225 000 Volts : de la sous-station en mer vers le poste Haute tension de La Doberie, à Hénansal, via la plage de Caroual à Erquy, Saint Alban et Hénansal. Deux câbles de type sous-marin d’abord, arrivée sous la plage, au droit du poste de secours (profondeur d’enfouissement non connue précisément à ce jour, RTE a parlé de deux mètres), ces deux câbles de technologie marine doivent être mutés en câbles de type terrestre dans une « chambre de jonction » enterrée au niveau du parking actuel de Caroual, la double liaison repart ensuite en longeant le terrain de football, puis suit la départementale vers St Alban.
Fonctionnement des éoliennes (info Ailes Marines)
La vitesse de rotation des pales devrait être à peu près constante à 8,5 tours par minute, le système d’orientation des pales permettant d’avoir plus ou moins de prise au vent.
Les éoliennes devraient commencer à tourner dès que le vent atteint 3m/s, soit 11km/h. A cette vitesse, production de 8% de la puissance nominale. La production à pleine puissance devrait être atteinte avec des vents de 43km/h. La production cesse dès que les vents atteignent 100km/h (mise en drapeau des pales pour qu’il n’y ait plus de prise au vent)
FREHEL ENVIRONNEMENT émet les réserves suivantes :
Connaissant nos courants et nos vents on peut s’inquiéter de la course au gigantisme que se livrent les constructeurs de ces machines : en effet comment ne pas se poser la question de la prise au vent, de la résistance aux vagues de ces engins géants en pleine mer ? Que se passera-t-il dans le cas de tempêtes comme celles de 1987 ou de 1999 ? Comment croire que ces monstres de métal résisteront 20 ans aux attaques conjuguées de la corrosion marine, des vagues géantes et des tempêtes ?
Durant toute la phase de construction des milliers et des milliers de tonnes de sédiment vont être arrachés au sous-sol marin pour y enfoncer d’énormes pieux de béton. Que va-t-il advenir de ces boues en suspension quelques temps (turbidité de l’eau non neutre pour les poissons) ? Vont-elles avoir l’élégance de s’en aller au loin, en évitant coquilles St Jacques et autres homards ? ou bien ne vont-elles pas, au gré des courants, venir recouvrir ce qui fait la richesse de notre faune sous-marine ? et que dire de ces pieux en béton enfoncés* à jamais dans nos fonds marins ? pour installer des machines qui vont durer quelques années, est-il bien raisonnable de couler irrémédiablement des milliers de tonnes de béton armé ? car il ne faut pas s’y tromper : si un jour les éoliennes en fin de vie, rouillées, inertes, sont enfin démontées (par qui ?), les fondations resteront pour toujours !
*il devrait être question ici des bruits (ou « coups de tonnerre ?) sous-marins occasionnés par l’enfoncement des pieux mais nous avons peu d’informations quant aux techniques utilisées. Nous savons seulement que les sons portent plus loin dans l’eau et que les mammifères tels les dauphins et les marsouins sont extrêmement sensibles aux sons…
Fréhel Environnement ne peut qu’être favorable à toute forme d’énergie propre et renouvelable, c’est précisément pour cette raison que notre association est opposée à ce projet, car après la construction (voir ci-dessus) les dégâts continuent, y compris chez nos amis les oiseaux migrateurs qui risquent fort de payer un lourd tribut à nos illusoires « avancées technologiques ». Sur ce sujet le cabinet chargé de l’étude d’impact par Ailes Marines n’a pas été d’une clarté aveuglante lors de sa dernière intervention à Erquy (Réunion publique du 16 Juillet).
L’utilisation du vent comme source d’énergie existe depuis la nuit des temps, comme celle de l’eau, sauf que si on sait stocker l’eau, on ne sait pas stocker le vent et que tant que nous ne saurons pas stocker l’électricité il faudra compléter la production éolienne par de la production à base d’énergie fossile, gaz chez nous (future Centrale électrique de Landivisiau par exemple), charbon en Allemagne. Il nous semble que cela réduit considérablement l’intérêt de cette technologie.
Le rapport « Qualité-Prix » de cette installation nous paraît aberrant : le projet d’Ailes Marines vient de passer de 2 Milliards à 2,5 Milliards, sans coup férir ! ce à quoi il faut ajouter le prix du raccordement au réseau RTE, soit environ 300 Millions, plus, parce qu’il faut bien compter cette usine dans le lot (les deux installations sont intimement liées), le prix de la Centrale à gaz de Landivisiau, disons… 500 Millions (au passage remarquez le faible prix de cette centrale à gaz par rapport au parc éolien !) Nous sommes déjà à 3,3 Milliards. Si on ajoute les intérêts que l’Etat français* s’apprête à payer à Ailes Marine, à 200 euros/MWh pendant 20 ans… on est plus près des 8 à 9 Milliards ! Tout ça pour 20 ans d’une production aléatoire, suite à quoi il faudra remettre la main à la poche car les éoliennes devront être remplacées (si elles tiennent jusque-là), production d’électricité dont nous n’avons absolument pas besoin, la France produisant plus que son nécessaire et revendant les surplus entre autres à l’Allemagne !
* Pour être exacts nous devrions dire les contribuables français, au travers de la tristement célèbre « Contribution au service public d’électricité », la CSPE, laquelle, sur notre facture EDF est assujettie à la TVA (Taxe sur taxe : brillant) !
Enfin l’aspect visuel a de quoi déranger : qui, par temps clair n’a jamais aperçu depuis notre côte le phare du Grand Léjon se découper à l’horizon ? Il se trouve environ à 25km de La Pointe aux Chèvres et mesure 24 mètres de haut. Les premières éoliennes seront à 17km de la même Pointe aux Chèvres, soit 8km plus proches, sur la droite du Grand Léjon. Elles seront, avec les pales, 9 fois plus hautes que notre bon vieux phare !… et on ose nous dire que « l’impact visuel réel des futures éoliennes de la Baie de St Brieuc…semble minime » (La Une de Ouest-France, 24 Avril 2015), « Pour voir les éoliennes en mer, il faudra de bons yeux » (le même journal, gros titre page 7), « Le moins que l’on puisse dire est que les éoliennes sont petites (sur les photos). Voire presque invisibles » (le même journal, page 7 sur l’impact visuel des éoliennes depuis la côte, notamment le Cap Fréhel). Décidément le moins que l’on puisse dire est que la communication d’Ailes Marines est audacieuse et bien relayée par un journal qui, du coup, parait « aux ordres ». Donc, indéniablement, nous verrons très bien les éoliennes et même nous croyons que nous ne verrons plus qu’elles, de jour comme de nuit où leur clignotement permanent donnera un aspect festif à notre horizon.
….et pendant ce temps des gens travaillent à l’obtention du Label « Grand Site Cap d’Erquy-Cap Fréhel », et Monsieur le Préfet nous explique « qu’il n’y a pas d’incompatibilité entre le projet éolien et l’OGS » et que « ces projets ne sont pas antinomiques ». Pour un peu on nous expliquerait bien que c’est même un atout touristique ?
JMB, 28 août 2015