Comme chaque année à la même époque se profilent des sécheresses de plus en plus fortes, de plus en plus étendues géographiquement et longues dans le temps. Chacun de nous, particuliers, citoyens responsables, en est conscient et fait ce qu’il peut, les pouvoirs publics nous exhortant à économiser ce bien de plus en plus précieux. Mais ces mêmes pouvoirs publics s’attaquent-ils à la cause réelle de la pénurie annoncée ? A cet égard le billet d’Alain Bazot paru dans UFC Que Choisir de ce mois nous rappelle que les plus gros consommateurs d’eau ne sont pas les particuliers et que l’Etat, sur ce sujet, est soumis à la FNSEA, lobby de l’agriculture intensive. Nous vous invitons à le lire et à le faire suivre largement :
Assises de l’eau : Ambition à l’eau !
Publié le : 01/07/2019
A l’image de leur organisation chaotique, les conclusions des Assises de l’eau sont, comme je le craignais, bien en deçà des attentes de la société civile et, surtout, des enjeux sanitaires et environnementaux actuels. Après les cris d’alarme que nous lui avons lancé ce week-end, le Ministère a bien procédé à quelques changements de dernière minute mais ceux-ci sont essentiellement cosmétiques et ne permettent pas de modifier le manque flagrant d’ambition du document de conclusions.
L’UFC-Que Choisir ne se reconnaît pas dans ce « pacte », qui est avant tout un catalogue de bonnes intentions, sans ambition… La meilleure preuve est l’absence des mesures concrètes et structurantes proposées par les groupes de travail pour modifier les pratiques agricoles afin de préserver la ressource aquatique : protection effective et contraignante des captages, application du principe préleveur-pollueur-payeur, transition écologique et promotion de l’agriculture biologique.
En matière de tarification incitative pour diminuer la consommation d’eau, si le gouvernement s’est enfin décidé à ajouter, au-delà des particuliers, les industriels et les agriculteurs, il n’y a absolument rien d’obligatoire, de contraignant, les agences de bassin étant seulement « invitées » à prendre en compte les incitations aux économies d’eau dans leurs taux de redevances… On est bien loin de la mise en œuvre effective du principe préleveur-pollueur-payeur prévu pourtant par les textes européens et réclamé par la société civile et les Français eux-mêmes ! Faut-il rappeler l’injustice criante aboutissant à ce que le financement de la politique de l’eau soit actuellement payé à 86% via la facture des consommateurs, alors que l’agriculture intensive est la première consommatrice et pollueuse de l’eau ?! Je dis bien l’agriculture intensive, pas les agriculteurs ou les paysans ! Car c’est bien le système d’aides européennes et françaises, défendu par la FNSEA qui incite les fermiers à se tourner vers les monocultures (notamment de maïs) aussi gourmandes en eau et en pesticides qu’inadaptées à nos conditions naturelles…
En matière de politique de l’eau, tout n’est qu’incohérence, ineptie et injustice ! Sur la protection des captages prioritaires, le gouvernement dans ses conclusions ne prend aucun objectif chiffré, l’agriculture biologique est certes désormais mentionnée mais seulement comme un exemple et non pas comme une mesure prioritaire.
La crainte que ces Assises n’aient été qu’une opération de communication, d’habillage pour faire croire à un changement de pratiques sans le réaliser, s’est concrétisée. Après avoir joué le jeu du débat et du dialogue, l’UFC-Que Choisir est amèrement déçue par le manque de courage et d’ambition du gouvernement. Les enjeux de l’eau valent mieux et plus que du blabla !
Alain Bazot
Président de l’UFC – Que Choisir